Cataplasmes

Les cataplasmes sont utilisés depuis très longtemps pour soulager les maux, Hippocrate en parlait déjà vers 370 avant J.C. Transmis de génération en génération, l’utilisation et les bienfaits des cataplasmes ont doucement été remplacés par les médicaments et ont vite été oubliés.

Aujourd’hui on revient peu à peu à son utilisation avec l’intérêt croissant des populations pour les médecines naturelles. On redécouvre ses applications dans divers domaines de la santé, pour un bien être, une recherche de mieux être ou même soulager de graves troubles. Problèmes dermatologiques et ophtalmiques, sinusites, douleurs articulaires et musculaires, brûlures, enflures, autant d’état de santé pouvant être améliorés par un cataplasme.

Définition

Préparation à base d’argile, d’huile, de graines ou de végétaux par exemple, étalée entre deux linges et appliquée sur la peau pour soulager.

Comment ça fonctionne ?

Le cataplasme soulage la douleur et agit localement, c’est ce que l’on remarque en premier mais l’action de cette pratique va bien plus loin. La pose d’un cataplasme a une action physique et psychique…

Action physique

Le fait d’appliquer une préparation sur la peau d’une température différente de celle du corps va entraîner une réaction instantanée des capillaires de la peau. Si c’est un cataplasme froid ou chaud il va y avoir dilatation ou rétraction de l’épiderme.

Action psychique

Appliquer une préparation sur la peau, procure instantanément une sensation de bien-être. Ça apaise, ça soulage et l’effet est immédiat sur le moral. Le bien-être plus ou moins fort que ressent la personne à ce moment-là va déclencher une série de production d’hormone dans le cerveau au niveau de l’hypothalamus, dont la première est l’ocytocine. Aussi appelée hormone du bonheur et de l’attachement, l’ocytocine s’accompagne d’un effet apaisant en plus d’avoir des vertus sur le système immunitaire et sur la douleur.

Action du produit utilisé

En fonction de la matière première utilisée il y aura une action d’échange entre le cataplasme et la peau. Si c’est un cataplasme d’argile par exemple, il va y avoir un échange d’ions et un effet adsorbant, cela attirera les toxines ou les liquides en surplus par exemple.  Si c’est un cataplasme de plantes il va y avoir un fort transfert de principes actifs, qui va conférer ses bienfaits à la peau, un adoucissement des tissus par exemple.

Action réflexe

Le cataplasme est en contact avec la surface de la peau cela comprend l’épiderme et toutes ses terminaisons nerveuses. Le même nerf qui innerve ces terminaisons nerveuses est relié à un organe profond et le cataplasme agira autant sur les terminaisons nerveuses que sur l’organe relié. L’information qui parcourt le nerf jusqu’à l’organe permet une action en profondeur.

Action olfactive (éventuelle)

Les principes actifs que l’on utilise peuvent avoir des actions très variées. Certains composants liposolubles des plantes, de même que les huiles essentielles, sont absorbés par la peau. Les particules volatiles vont agir différemment. Par le biais du nez et des nerfs olfactifs situés sur la lame criblée de l’ethmoïde, le stimulus olfactif agit sur le système limbique, puis, par l’intermédiaire de l’hypothalamus, déclenche la sécrétion d’hormones dont la sérotonine qui contribue au bien-être et augmente le seuil de douleur et l’ocytocine.

Les différents types des cataplasmes

Températures

Les cataplasmes chauds

Les cataplasmes chauds permettent de réduire les tensions et de soulager les spasmes. La chaleur dilate les vaisseaux et favorise une meilleure circulation sanguine. On peut également utiliser la chaleur en cas d’inflammation avec possibilités de sécrétions (bronchite, infection urinaire, sinusite, abcès, inflammations internes et externes,  mal de dents, hémorroïdes, angine, courbatures, enflures…). Elle favorise les métabolismes, la circulation, ouvre la peau, bloque la transmission des stimuli douloureux en agissant sur les terminaisons nerveuses libres. Une application de chaleur est fort utile pour régénérer ou revitaliser, que ce soit un organe particulier ou l’organisme tout entier. Pour finir, la chaleur apporte souvent réconfort et apaisement.

Les cataplasmes froids

L’application de cataplasmes froids est utile en cas de blessure ou de traumatisme. Elle calme les douleurs aiguës de l’arthrite ou celles dues à l’inflammation d’un nerf. Les cataplasmes froids s’appliquent aussi sur les lésions cutanées et ophtalmiques. Les cataplasmes  froids apaisent plus souvent  les douleurs provoquées par les blessures du sport, les douleurs aigües à la gorge ou aux articulations. L’utilisation de la fraîcheur permet une action anti-inflammatoire, décongestionnante, vasoconstrictrice, hémostatique.  Les cataplasmes d’argile froids par exemple seront appréciés sur les zones chaudes, congestionnées ou enflammées du corps.

Les cataplasmes tempérés

Une application tiède est indiquée en cas de douleurs chroniques non inflammatoires, par exemple des tensions musculaires ou des rhumatismes.

Produits utilisés

Il existe un choix infini quant aux types des produits à utiliser pour réaliser un cataplasme, huiles, argiles, farines, graines, végétaux, huiles essentielles. On sélectionne le produit en fonction de l’effet recherché et de la personne qui recevra le soin. Ici je vais vous présenter la plus connue.

Argiles

Les cataplasmes d’argiles sont les plus connus et les plus répandus. Les argiles sont des silicates simples ou complexes d’aluminium, de magnésium et de fer. Ce ne sont donc pas de la terre, mais une roche fractionnée en milliards de particules extrêmement petites et de formes planes, de l’ordre du micron dans leur longueur, et mesurant quelques nanomètres dans leur épaisseur. Il existe une multitude d’espèces minérales argileuses, leur dénomination a été attribuée de manière aléatoire en fonction du lieu d’extraction ou de mode d’application. Il en existe de toutes les couleurs, la verte étant la plus commercialisée car répondant plus à pratiquement tous les besoins. L’argile est une matière vivante douée d’une grande intelligence et nous devrions l’utiliser d’avantage.

Lorsque l’argile sèche, elle aspire ce qui l’entoure et le cataplasme absorbe davantage d’impuretés et de toxines. Celles-ci sont attirées à la surface de l’épiderme, puis jusque dans l’argile. Cette propriété lui confère différentes actions thérapeutiques : antalgique, elle calme les inflammations si elles sont associées au froid, absorbante (pus, sang coagulé, glaires et tous liquides corporels en général, piqûres d’insectes, toxines en général), bactéricide,  cicatrisante de la peau, adoucissante, anti virale, reminéralisante.

Application d’argile chaude : Le cataplasme d’argile tiède ou chaude doit être positionné  sur une zone à tonifier, revitaliser ou qui nécessite une reconstruction osseuse. Cette application permet de soigner une plaie, faire mûrir un abcès. Les traitements en profondeur visent des organes tels que l’estomac, le foie, les reins, les poumons pour décongestionner ou revitaliser. Pour le foie, appliquer le cataplasme le matin car il stimule ses fonctions et pourrait gêner l’endormissement. Il est aussi utile contre les infections urinaires en application sur le bas-ventre.

Application d’argile froide : elle doit être positionnée dans le cas d’un corps enflammé, fièvre, congestion ou elle peut aussi être appliquée sur un endroit chaud naturellement (comme le bas-ventre). Lorsque le cataplasme tiédit, c’est que l’argile agit. A enlever quand il devient très chaud. Si le cataplasme reste froid, c’est peut-être un signe que le traitement est inefficace. Cette utilisation est recommandée en cas d’ecchymoses,  d’entorses, contre l’arthrite, pour une plaie ouverte ou une plaie infectée, pour abcès, des brûlures -> applications froides sans discontinuer et intercaler une compresse de gaze imbibée d’huile de millepertuis.

Attention au terrain et au but recherché, « toute action doit être suivie d’une réaction ».

Préparation : Verser sur l’argile de l’eau de source et mélanger jusqu’à obtention d’une pâte facile à étaler, ni trop liquide, ni trop épaisse. On peut la préparer 2 heures en avance et la laisser au soleil ou à la lune. Appliquer une couche de 2 cm d’épaisseur puis fixer avec une bande sans matières synthétiques ou plastique. Après l’application, rincer avec de l’eau s’il reste de l’argile sur la peau puis appliquer un corps gras (à adapter en fonction des pathologies) car l’argile, verte notamment, absorbe les graisses faisant parti du film protecteur de la peau. Dans le cas ou certaines zones resteraient  nettement humides lorsque vous retirez le cataplasme, cela peut indiquer un problème circulatoire. Préparer un cataplasme moins épais pour la fois suivante.

Utiliser des instruments en bois ou en verre.  Ne jamais manipuler l’argile avec du métal, car l’interaction entre les ions du métal et ceux de l’argile font perdre les propriétés du minéral.

Durée et fréquence : Le cataplasme froid doit être retiré lorsque l’argile est presque sèche ou chaude. Il peut être répété plusieurs fois par jour. Pour le traitement d’un organe profond, le cataplasme chaud est laissé environ deux heures. L’application peut éventuellement durer toute la nuit. Mais si par exemple, un cataplasme appliqué sur la colonne vertébrale donne une sensation de froid au bout d’une heure alors qu’il devrait provoquer une certaine chaleur, il doit être retiré.

Attention : Lors d’applications chaudes ou froides, ne pas abimer ou bruler la peau. Il ne faut pas appliquer plusieurs cataplasmes en même temps. On ne réutilise jamais une argile qui a déjà servi. En début de traitement à l’argile il peut y avoir une stagnation de l’état voir une aggravation des troubles, c’est un processus physiologique, il ne faut pas stopper le traitement.

Conclusion

Moutarde, argile, oignons ou feuilles de choux, miel… Dans les livres de médecine traditionnelle notamment, on s’aperçoit qu’il existe toutes sortes de cataplasmes. Aujourd’hui ils ont presque totalement disparu des pharmacies, cependant on peut les préparer soi-même avec des ingrédients faciles à trouver et économiques…

Les cataplasmes ont un rôle important pour le naturopathe grâce à son action sur l’émonctoire peau et les organes profonds. C’est un outil incontournable dans sa trousse de thérapeute. C’est aussi un outil que le naturopathe peut mettre au service du consultant pour l’aider à se responsabiliser au niveau de sa santé.

Comments

  1. Un soin particulièrement bénéfique et tellement agréable. ! L approche de Sarah permet d amplifier la puissance de l outil. Ravie de cette découverte .

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